FOIRE DES BORDES A TOURNUS 71

Une louée (nom féminin) : engagement d’un serviteur pour un temps déterminé (synonyme : affermage)

Focus sur les domestiques : il y a deux catégories de domestiques :

  • attachés à la personne : il s’agit de domestiques engagés sans durée déterminée
  • ruraux : il s’agit de domestiques engagés pour une durée déterminée. Le plus fréquemment, l’engagement dure un an.

Comment se déroulait la foire ?

Tous les ans, une grande foire dominait toutes les autres ; c’était la foire des Bordes, qui se tenait au début du Carême et au cours de laquelle se louaient les domestiques. Elle avait lieu sur l’Esplanade. La louée des domestiques s’accompagnait d’une coutume curieuse : tout jeune berger engagé devait offrir une carpe à son nouveau maître. La carpe était un symbole de discrétion : elle n’a pas de langue donc ne peut pas parler. En compensation, le nouveau maître donnait des étrennes à son domestique. Celui-ci dépensait généralement cet argent lors des divertissements de la Foire (bals, fête foraine… » dans l’optique de séduire sa promise.

Fleur au mitan, fleur au côté

Les jeunes filles à la recherche d’un galant pour danser pendant les bals et les fêtes de l’année accrochaient une fleur sur leur corsage. La position de ce corsage déterminait si elles avaient trouvé chaussure à leurs pieds : si la fleur se situait sur le coté du corsage, cela signifiait que les filles avaient déjà trouvé un galant ; si la fleur se situait au milieu du corsage, qu’elles étaient toujours à la recherche d’un galant.

De cette coutume est née l’expression suivante : Fleur au mitan, cherche galant/fleur au côté, galant trouvé ».

En 1533, on attribue à Robert 11 de Lenoncour la suppression de la fête des Brandons à Tournus à cause de la « follâtrerie » des jeunes gens durant cette fête.

Du speed-dating au job-dating

La fête des Brandons est également l’occasion de faire des rencontres. La veille, les garçons du village s’attelaientà une charrette et s’arrêtaient dans chaque maison où se trouvait une jeune fille pour demander un fagot ou des branchages. Lorsqu’ils en avaint recueilli assez, ils les transportaient hors du village et mettaient le feu. Les jeunes gens, garçons et filles, se retrouvaient ensuuite pour danser, faire des rondes autour des feux.

Une fois les flammes éteintes, ces jeunes gens sautaient par-dessus les braises. On disait que celui ou celle qui réussissait à sauter le feu sans roussir ses vêtements se marierait dans l’année. Puis, ils se rendaient dans une vigne voisine avec un brin de paille enflammé, enroulé autour d’un bâton, appelé « brandon » afin de protéger cette vigne de tous les maux. Ce feu protecteur, source de chaleur et de fertilité devait ainsi rendre la terre féconde et la vigne vigoureuse.

La fête des brandons

A l’origine, la tradition des « Brandons » avait lieu le premier dimanche de Carême. La foule parcourait la campagne en dansant et en portant les brandons «(de l’allemand brand, embrasement), des dortes de torches faites avec de la paille tortillée. Cette procession aux flambeaux avait pour effet, disait-on de chasser le mauvais air des terres. Il s’agissait des restes des anciennes fêtes de purification romaines (Lupercales).

Chez les celtes et les romains

Cette fête se retrouve chez les Celtes sous le nom de « Imbolc). On célébrait alors la déesse celle Brigit en l’invitant à entrer dans la maison afin de la purifier et de la protéger jusqu’à la prochaine fête d’Imbolc. Il s’agissait donc de fêter un renouveau après les jours les plus sombres de l’année.

Chez les Romains, cette fêtes se rapproche des « Lupercales ». La fête des Lupercales est une fête de purification qui avait lieu à Rome du 13 au 15 février, c’est-à-dire à la fin de l’année romaine, qui commençait le 1er mars. Les Luperques, prêtres de Faunus, sacrifiaient un bouc à leur Dieu dans la grotte de Lupercal (au pied du mont Palatin) où, selon la légende, la louve avait allaité Romulus et Rémus.

En 496, le Pape Gélase 1er interdit les fêtes « Lupercales » et les remplace par la Chandeleur, mais elles perdurent sous d’autres formes jusqu’à notre époque contemporaine.

Ses ancêtres dans l’antiquité

A l’antiquité était célébrée « la fête du printemps » qui marquait le renouveau et la renaissance. Cette fête purificatoire de la fin de l’hiver pourrait avoir comme fondement un culte lié à la fécondité. L’objectif était de purifier la terre avant de procéder aux semailles. La célébration de cette fête assurait la fructification et la perpétuité des espèces, qu’elles soient humaines, animales ou végétales. L’une des traditions consistait à sauter par-dessus les flammes. Dans la croyance populaire de l’époque, les flammes servaient à se purifier.

 

Journal de Tournus, 1897