Mes autres petites histoires

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24 décembre 2023

« Sido » n’avait point sa pareille pour feuilleter, en les comptant, les pelures micacées des oignons (…).
Trois robes sur l’oignon! (…)
C’est signe de grand hiver.                                                                             Colette

Mon confit d’oignon divin

Pour transcender le foie gras ou les viandes lors de vos repas de fêtes, rien de tel qu’un confit d’oignon… maison! Pour un pot de confiture, prévoyez 6 gros oignons, 100 g de sucre en poudre, idéalement intégral pour sa petite note de noisette, 4 cuillères à soupe de vinaigre balsamique, 1 cuillerée à soupe d’huile d’olive, du sel et du poivre. Selon vos goûts, vous pouvez ajouter des épices et/ou du miel. Épluchez les oignons et coupez-les en tranches fines.

Dans une casserole huilée, faites-les revenir en douceur jusqu’à ce qu’ils deviennent translucides et tendres.
Ajoutez alors sucre et vinaigre, sel et poivre. Mélangez bien puis montez la flamme jusqu’à ce que le vinaigre s’évapore. Couvrez, laissez la casserole sur feu doux pendant une heure. Votre compotée n’a plus qu’à être versée dans son pot!

22 décembre 2023

« Toute l’obscurité du monde
ne peut pas éteindre la lumière d’une bougie. »

Confucius

5 décembre 2023

Ma perle de douceur

Cette merveille naturelle est considérée en lithothérapie comme une pierre douce, tendre, féminine, qui va agir positivement sur les états de tristesse voire de déprime.

On lui attribue le pouvoir de relaxer et favoriser le calme. La perle est globalement associée à un regain d’énergie, de vitalité. On peut profiter des vertus de l’élixir de perle pour réguler l’humeur et les émotions, développer la sensibilité et l’intuition.

La légende perlière

Une légende japonaise raconte que le roi des Dragons de l’océan aurait volé une magnifique perle offerte à l’empereur du Japon. En charge de récupérer le précieux cadeau, le Premier ministre tombe amoureux d’une pêcheuse de perles, qui lui donne un fils. Pour rapporter la perle du fond des océans, la belle plongeuse va sacrifier sa vie, répandant son sang dans l’océan… Mais en échange son fils devient héritier unique du ministre.

Citation d’automne

« Moi, je t’offrirai des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas. »

Jacques Brel

16 novembre 2023

Maître des Thermes

Dans le contrebas de la colline
À l’affût de nouvelles prouesses
D’étranges créatures fripées
De réglisse coiffées
Par la lumière attirées
En blanc s’imiscent

Aux barres il faut s’accrocher
Sous les jets il faut se pencher
Sur les vélos il faut pédaler
Pourtant
Ni bras ni jambes ne pourront guincher
Très longtemps
Comme avant

Chaque matin dans la piscine
Tels des fantômes qui tambourinent dans l’atmosphère
C’est l’eau bien tiède qu’ils préfèrent
Fait si froid dehors
Fait si bon dedans

Le matin
Posté à son observatoire
Le maître a bonne mine
Il regarde, il surveille, il examine
Les corps chancelants tout mouillés
Puis va au hasard de son cafard
Prendre l’air et fumer

Ce matin
Assis derrière le comptoir yeux rivés sur son portable
Comment deviner
Qu’il va lui adresser des mots gentils
Tout fier d’oser
Sans se sentir coupable ni petit
À l’origine de toutes ses blagues
Il a relevé la tête
Dans sa barbe iI a souri

Si nous allions nager ?
Sans hésiter
Dans l’immense baignoire des assurés
Si nous allions danser
Au bal des corps abîmés…

Un jour
À midi et demi
Il l’a embrassée
C’était fini

21 octobre 2023

Vol au vent

La fée du maquis.
Ça fait des heures qu’elle bouge, qu’elle se balance…
Le vent est étonné. Celui du Sud, celui qui annonce la pluie 💦.
Elle s’accroche, elle tremble. Il faut qu’il ait le temps de la surprendre. De voir son intériorité.
Son cœur a changé de couleur par l’effort. Plus solide. Plus fragile. Certes, plus grand !
Elle chante, elle frétille, elle se trémousse, se dandine, se dandine, se dandine… Elle danse au vent. Ce n’est pas son heure d’aller moisir avec ses copines, sur le sol qui s’éteint.
De l’automne.

Sans tirer la sonnette des larmes, la fée ralentit son mouvement.
Elle sait. Il croit que ce qu’il voit.

À un fil d’araignée, la feuille en mort apparente s’était accrochée. Il n’a pas été tenté ! De l’observer. De la contempler. De la regarder dans les airs de la liberté.
Elle, la fée, la fée de la désobéissance.
Avec son désir éternel de voyager.

À son heure. À la bonne heure, attirée par le vent du Nord
Elle se détache, la femme en vie.
Résistante.
En vie, avec l’envie d’aimer.
Seulement dans l’instant, dans la lumière du temps.

Francine B

21 Septembre 2023

C’est l’équinoxe d’Automne – ce temps où la nuit et le jour sont d’égale longueur, le temps des vendanges, le temps des dernières récoltes de fruits et légumes du potager. Autrefois, il était coutume de laisser quelques fruits sous les arbres en remerciement.

« Septembre, le Mai de l’Automne »

La fin du mois d’Août

sonne l’heure du raisin… et de la fameuse cure uvale, must des pratiques naturopathiques de revitalisation. Une mono-diète qui offre un exceptionnel profil santé.

Juillet 2023

Savez-vous faire les fuseaux?

Pas celui auquel la Belle au Bois se pique et qui la plonge dans un profond sommeil, non, les fuseaux de lavande destinés à parfumer le linge.

Un sac

J’ai toujours adoré la plage
– d’un jean 👖 sur des fesses bombées
– de nattes de petite fille bien tressées
– d’une clef 🗝 qui empêche les mains baladeuses
– d’anneaux cuivrés qui m’ornent du plus bel effet
– de fils de soie bleus qui tranchent avec du coton poreux
– de boutons dorés qui différent avec ceux de l’acné
– de dentelle blanche qui me rend léger

Je suis le sac à la mode d’un été !

Francine B

Juin 2023

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin.

L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière !

Arthur Raimbaud

15 mai 2023

Adieu les nénuphars

La renoncule aquatique est une espèce vivace indigène, commune en Europe. Elle est capable de former un vaste herbier. Les nénuphars ont perdu la partie dans cette mare. C’est une plante oxygénante, elle est rustique et très vigoureuse, visiblement bien installée.
Un couple de canards 🦆 sauvages est venu nicher pendant plusieurs semaines, un chat 🙀 a tenté de les surprendre ! Sur le feuillage épais, dense à souhait, il a osé s’y aventurer ! Je l’ai vu. Prudent, le chaton a traversé doucement se frayant un chemin dans la brousse comme sur un tapis « soutenant ». Drôle de funambule !

Mare du Devu

14 Mai 2023

Le Patois de Ménetreuil (Maryse Giovacchini)

À l’occasion de la réédition de 2023 du mémoire de maîtrise présenté par Maryse GIOVACCHINI dans les années 80 et à l’initiative de Gérard TAVERNET (Université de Dijon), voici un extrait sur le joli moi de mai : page 27 du livre « Le Patois de Ménetreuil 71 »

Début mai, dans la nuit du 30 avril au 1er mai, les jeunes gens ne manquaient pas de poser tout en haut de la cheminée, d’accrocher à la porte des jeunes filles des fleurs et des branches

  • du muguet pour la fille qu’on aimait.
  • du lilas pour la fille qu’on n’épousera pas.
  • du cerisier pour la plus jolie fille du pays.
  • du sureau ou de la « verne » (aulne) : pwita vairna vó pó na ma:rda
  • du sapin : di sépê, là fœy vó pó o tsê.
  • du prunellier : di plö:si, é fè tsési.

Quand la jeune fille, un peu légère, avait quitté un jeune homme, elle trouvait un mannequin (ô pœtró) ou un épi de mais égrené (ô kànàyó) et une pomme de terre à chaque bout, tout ceci représentant l’organe sexuel.

 

En juin, pour la Fête-Dieu, il y avait le Chemin des Roses (lœ tsmê d rö:z) ; les petites filles, vêtues de blanc, couronnées de fleurs, une corbeille enrubannée à la main, semaient des pétales de roses, de pivoines, d’œillets tout le long du chemin, jusqu’à l’église.

Pierre PONSOT, de l’Université Lyon II, décédé en 2017, dans sa préface, il a souligné :

Dans quelques années, il ne sera plus possible d’en entreprendre un [travail] semblable, puisque, on le sait, le patois se meurt, même en résistant par ci par là, dans des communes isolées comme Ménetreuil. Je suis de ceux qui le regrettent et le disent bien haut. Non seulement parce que ce fut, à peu près, ma langue natale, mais en raison de sa position de clé de voûte d’un édifice qui tombe avec lui, tout un genre de vie, une « civilisation agraire » originale, qui a peut-être fait son temps, mais qui laisse bien des nostalgies légitimes. Je suis persuadé que différentes sortes de lecteurs trouveront leur pâture dans ces pages à la fois savantes et frémissantes de sympathie. Une bonne partie de la vie discrète, retenue, du bocage bressan y coule (…). Mais pour ceux qui comme moi sont nés sur cette glaise, issus de vieilles lignées qui ont peiné dans cette boue et ce brouillard, c’est tout un passé qui remonte bien au-delà de mon expérience personnelle. Mystère de la transmission du savoir et des sentiments entre générations, par la magie du langage: « au commencement était le Verbe » nous dit le plus vieux livre du monde.

 

Comment ne pas être confondu par la richesse et la précision, parfois subtile, du patois?

 

 

1er Mai 2023

Vieilles bulles !

La présence de bulles dans le verre date des années 50/60

 

Un travail de maître

25 avril 2023

Jeune Hibou petit duc, l’espace d’une journée

Tes parents avaient migré, ils étaient de retour et avaient décidé de se reproduire.
Tu es sorti du nid bien avant de savoir voler. En pleine phase d’émancipation au sol, tes parents t’ont nourri. Sous ton ventre, un mulot avait rendu l’âme. Des mouches voletaient autour de toi, c’est ce qui a attiré mon attention. Ton plumage imitait parfaitement l’écorce d’un arbre. C’était à s’y méprendre. Tu as eu peur en me voyant, tu as claqué du bec ! Des coups secs. J’ai retenu mon souffle.
Pas de blessure. Suis allée chercher un gros carton. Tu t’es à nouveau approprié le petit mammifère sans vie. Aucune détresse. J’ai eu l’impression que tes petits yeux ronds, jaunes et vifs regardaient le monde entier. Sans perdre une miette de ce qui se passait alentour. Je t’ai dit que j’allais te laisser un certain temps dans l’obscurité totale. Je t’ai laissé une journée pleine sous le carton, les pattes dans l’herbe. Pourtant les chats n’avaient osé s’approcher de toi lorsque tu étais seul, immobile en roi du camouflage. Aurait-il fallu leur faire confiance ?
Le soir, à la tombée de la nuit, tu as été libéré de ta petite maison en carton. En véritable oiseau nocturne, tu es parti. Sans doute, rejoindre tes parents. Ils ne cessaient de pousser ces petits cris reconnaissables en début de nuit. Une courte note grave, répétée continuellement toutes les deux secondes et un autre chant plus aigu et étalé. Le mâle et la femelle se répondaient. Une conversation de rapaces au sommet des chênes…

À l’aube, n’y tenant plus, j’ai voulu en avoir le cœur net : tu avais disparu ! Ni plume, ni duvet sur le sol. Sauvé !

1 & 2 février 2023

Imbolc

Ce 1er février est une date importante qui célèbre le réveil de la terre, la lumière qui revient et les premiers signes du printemps.

Le 2 février, on fête la Chandeleur et aussi Imbolc, fête celtique du feu et de la lumière. Cette célébration de la magie moderne symbolise la croissance d’un printemps qui se prépare, sur la terre comme dans les esprits.

Il est temps d’achever les travaux d’hiver pour accueillir l’énergie du renouveau.

Février donne le ton de cette période puisqu’il vient du mot latin februare qui signifie « purifier »! Alors que la Chandeleur est associée à la purification de la Vierge.

Chandelles et flambeaux symbolisent la purification par le feu à la manière de la lumière solaire qui fait renaître la nature.

Imbolc vénère Brigit, mère des dieux dans la mythologie nordique. D’ailleurs en langue celtique, ce prénom signifie « très élevée« . Déesse-mère, elle incarne la fécondité : sa fête est par essence féminine, maternelle et lunaire. Elle est la patronne des druides, des bardes, des magiciens, des guérisseurs, des forgerons.

La déesse celte incarne la trinité féminine, elle réunit la jeune fille vierge, la mère et la vieille femme.

Déesse mère solaire, elle est associée au feu, celui de la forge, et de la Création.

Janvier 2023

Ferdinand BERTHIER
Qui était cet homme ?

Plus d’infos sur wikipedia, cliquez sur l’image ci-dessus

La langue des signes est enseignée au collège Victor Hugo de Lugny en S&L.

Haikus composés, lus, récités, traduits en langue des signes par plusieurs élèves de sixième le 8 décembre 2022, lors de la présentation du spectacle Mélisende La Do Ré par le trio Ab’Terra :

Adieu le soleil
neige te voilà
bonjour au mauvais verglas

après le repos,
la nature et moi fêtons
un printemps de plus

Petit saule pleureur
toi qui pleure dans ce jardin
des larmes de bonheur

Le vent caresse ses feuilles
le tronc reste immobile
l’arbre est majestueux

La feuille attend
sur le pas de la porte
en dansant avec le vent

En voyant la neige tomber
mon cœur se réchauffe
et il ne fait plus si froid

Remerciements à Natacha HAEHNEL.

Association CLSFB (Culture et Langue des Signes Ferdinand Berthier)

​Hôtel-Dieu Apothicairerie à Louhans, où se trouve le Musée d’Histoire et de Culture des Sourds qui fêtera ses 10 ans début mai 2023.

Janvier 2023

L’art du sonnet

Du mot « sonet » que les Français et les Provençaux employaient au XIII siècle dans le sens de « petite chanson ». (Larousse 1933).

Dans « l’Art de rhétorique » (1493),Molinet fait mention du sonnet sur une liste de mots « équivoques » qui peuvent être lus de quatre manières différentes :

« Sansonnet, sans son est, sans sonnet, sans son net »

Décembre 2022

L’hiver approche

À la lumière vacillante des chandelles, Toi le chansonnier, tu éclaires nos demeures, aux tardives heures.
La maison embaumait la soupe comme jamais mais la recette n’existe pas.
Cette soupe, ce n’est rien qu’un mélange de potiron à du maïs doux, de pois chiches, d’oignons et de patates douces. Mélange parfumé aux arômes de laurier, de thym et d’épices…
Qu’elle soit servie dans une soupière de faïence fleurie !
Qu’une bavaroise coule d’un pichet de beau grès !
Qu’une nappe jette sa note vive sur une table en bois !
Qu’un bouquet de fleurs d’automne avec les baies qui sont nos meilleures alliées contente nos narines !
Notre soupe devient un mets de choix.
Surtout, lorsque autour des petites tables rondes, s’assemblent de bonnes gens heureuses de se trouver ensemble et d’échanger de joyeux propos !

Ambiance cabaret lorsque la lumière des bougies vacille…

Musique ! ! !

crédit image  : Vecteezy.com

De l’Immaculée Conception à la Fête des Lumières 

De l’époque baroque au 8 décembre 2022

Collège de LUGNY en S&L

La fée Mélisende a voulu voir Venise vers1700 et lors de son séjour, elle a rencontré le fort beau et talentueux Antonio Vivaldi. Le dénommé « Prêtre roux » aux longs cheveux soyeux, violoniste, compositeur, ne lui a pas été indifférent. Loin de là.

Etait-ce l’inclinaison de la Terre par rapport au soleil qui les avait fait se rencontrer ? Impossible à deviner.

Toujours est-il que Vivaldi après cette rencontre féérique, a composé une oeuvre qui allait défier le temps. Très occupé avec ses créations, l’organisation de concerts, la mise en place de ses opéras, l’enseignement musical, ses voyages… sa vie artistique était si intense qu’il en oubliait de compter son argent. Il est mort à Vienne en 1741.

Il a fait publier ses quatre concertos : le Printemps, l’Eté, l’Automne et l’Hiver. Entre autres.

« Les quatre saisons » est à ce jour certainement l’oeuvre la plus célèbre de Vivaldi. Quatre concertos pour violon. Pour chacun d’entre eux, Vivaldi composa un sonnet qui décrit le contenu de sa musique.

En voici une partie :

Allegro

Mélodie du printemps : 

Voici le printemps
Que les oiseaux saluent d’un chant joyeux,
Et les fontaines, au souffle des zéphyrs,
Jaillissent en un doux murmure.
Ils viennent, couvrant l’air d’un manteau noir,
Le tonnerre et l’éclair messagers de l’orage.
Enfin, le calme revenu, les oisillons
Reprennent leur chant mélodieux.

Le célèbre compositeur italien a cherché à évoquer dans cette musique une histoire avec des oiseaux, les sources et le vent, l’orage, le calme qui revient et les oiseaux qui chantent à nouveau.

​C’est ce que les élèves de sixième du collège ont essayé de comprendre au contact de cette musique « descriptive » de la même façon de procéder que le conteur quand il raconte une histoire.

C’est alors que le dialogue s’est instauré entre, d’une part la fée (conteuse Mélisende), les instruments /piano et guitare, les musiciens, les adolescents, la responsable de l’établissement, la CPE, les enseignants, la documentaliste, les surveillants, l’homme d’entretien…

Ceci dans un magnifique décor élaboré par les élèves et leurs aidants, et le don de créativité de toute cette équipe ! En quatre panneaux. Sans oublier le soleil.

« Il cimento dell’armonia e dell’intentione »

Les élèves comme hypnotisés par leur décor soudainement devenu vivant par la présence de la conteuse et des musiciens au milieu, mais surtout par les histoires et la musique, ont montré une grande attention pendant plus d’une heure de spectacle, puis un sentiment de curiosité auprès des artistes en leur faisant des confidences et en leur posant des questions.

Chaque saison a plongé le spectateur dans des paysages, des humeurs, au coeur des éléments de la nature représentatives du Printemps, de l’Eté, de l’Automne, de l’Hiver.

Cette oeuvre concentre tout le génie de Vivaldi.

La féérie s’invite au collège

A la rencontre de la Fée Mélisende

mardi 13 décembre 2022, par Monneret Karine

La magie du conte s’est invitée jeudi 08 décembre au collège, où l’ensemble des élèves des classes de 6e avaient rendez-vous avec le trio AbTerra, composé de la conteuse Francine Beudet, alias la Fée Mélisende, et de ses deux musiciens pour une balade dans un monde peuplé de sorcières et autres personnages sortis tout droit de son imagination.

Devant les élèves, dont certains avaient réalisé le magnifique décor de la scène avec l’aide très précieuse de l’équipe des AED, elle a déroulé le fil de ses aventures de jeunesse, elle la fée à la baguette de noisetier ou d’orme, qui, née en 1537 d’un père vivant dans un château, mais au contact de la nature, dans un jardin extraordinaire avait tant à raconter… !

Cliquez ici pour voir en intégralité l’article et les photos publiés sur le site du collège

Novembre 2022

La fleur de chrysantème

 

 

I

Le petit prince allait mourir.
Les médecins avaient déclaré, la veille, que leur science ne pouvait plus rien.

L’empereur les avait tous fait jeter en prison, jurant, la main étendue sur sa couronne d’or, qu’il leur ferait trancher la tête le lendemain.
Puis il en avait mandé d’autres ; des courriers étaient partis de tous les côtés, ramenant des vieux à barbe blanche, qui branlaient la tête sous leur bonnet de soie jaune, et murmuraient des paroles sacrées ; mais ils s’étaient bientôt reconnus impuissants ; jamais ils n’avaient eu à combattre pareille maladie ; et dans les saintes écritures bouddhistes, qu’ils avaient passé leur vie entière à consulter, soit au fond des pagodes, soit sous les bosquets consacrés, point ne se trouvait de remède.
L’empereur, furieux alors, leur avait mis à tous la corde au cou, et les avait fait promener par la ville, précédés de hérauts d’armes à cheval, qui criaient au peuple prosterné que ceux-là allaient mourir d’une mort infamante qui, se disant saints et savants, ne savaient pas empêcher de mourir un fils du Ciel.
Mais ce qu’ils n’avaient pu faire, lui, le ferait.

Debout, à côté du lit où agonisait l’enfant, sa couronne sur la tête, vêtu de sa cuirasse d’or,  il lui tenait la main et, sans pleurer, il attendait. Il lui semblait impossible que la mort osât toucher son fils, alors qu’il était là, lui l’empereur, lui le maître.
Tout autour du lit il avait fait ranger ses soldats à deux sabres, immobiles dans leurs armures noires, sur lesquelles se dessinaient les douze animaux symboliques ; puis on avait allumé, tout le long des marches de marbre du grand escalier, des chandeliers que des cigognes d’airain tenaient dans leur bec.
Des cavaliers, casqués de têtes de chimères menaçantes, la lance au poing, montaient la garde tout autour du palais ; sur les terrasses, des archers en costume de guerre lançaient des flèches aux nuages ; et les bonzes avaient ordre de frapper sans s’arrêter sur leurs tambours et leurs tam-tams de cuivre.

Si la mort passait par là, le bruit, la lumière, les sabres et les lances l’empêcheraient bien d’approcher.

Dans la ville, la vie semblait suspendue ; les jonques, immobiles sur le bord du rivage, avaient replié leurs voiles carrées ; les boutiques s’étaient fermées ; et devant un colossal Bouddha de pierre, assis sur une feuille de lotus, les deux mains jointes reposant sur ses jambes croisées, à la lueur des torches au bruit des gongs, les femmes et les hommes, poussant de grands cris, se prosternaient la face contre terre, les bras étendus.

Et dans la chambre impériale, sous les soies brodées d’or, au-dessous des deux-dragons blancs  sacrés, tenant dans leurs griffes d’argent des bouquets de fleurs de chrysanthème, le petit prince agonisait toujours. Sa poitrine amaigrie se soulevait péniblement ; un souffle étrange sifflait entre ses dents qui se choquaient, et par instants, ses pauvres petites mains crispées semblaient vouloir repousser quelque chose d’invisible qui pesait sur lui et l’étouffait.

Cependant, dans la chambre voisine, au milieu des femmes atterrées, l’impératrice à genoux se lamentait ; et malgré les tentures de soie et les portes d’airain, ses sanglots arrivaient jusqu’au petit malade. Alors doucement il se retournait vers son père et, le fixant de ses grands yeux profonds qui semblaient s’éclairer alors d’une lueur mystérieuse, il demandait pourquoi l’on pleurait là-bas, pourquoi sa maman l’impératrice n’était pas à côté de lui, et pourquoi tous ces soldats qui étaient là, avec leurs grands sabres, ne faisaient rien pour l’empêcher de souffrir !

Et l’empereur alors faisait signe ; les cavaliers brandissaient leurs lances, les archers faisaient pleuvoir autour du palais comme une nuée de flèches, et le bruit, des tam-tams de cuivre grandissait. Puis regardant son fils :
« Dormez, petit prince, disait-il : vos soldats veilleront sur vous ! »
Mais les yeux de l’enfant restaient grands ouverts et son souffle devenait de moins en moins distinct.

​​

II

Tout à coup un bruit se fit entendre au bas de l’escalier de marbre.
L’empereur subitement se retourna. Quel imprudent avait osé franchir le seuil de son palais ? Sa main, lâchant celle de son fils, se porta sur la garde de son cimeterre. Mais un soldat parut à l’entrée de la chambre, et subitement, il se mit à genoux et se prosterna la face contre terre.
« Parle ! Fit l’empereur. Qui ose venir jusqu’à moi  ?

–   Un vieillard, répondit en tremblant le soldat toujours prosterné.
–   Que me veut-il ?
–   Vous parler.
–   Me parler ! Par les dieux mes ancêtres, je ne sais ce qui me retient de vous faire trancher la tête, à toi et à tes compagnons, pour avoir laissé passer cet inconnu.
Va rejoindre ton poste, j’aviserai après. »

Le soldat, épouvanté, s’inclina et disparut.
Les autres, immobiles comme des statues d’airain, gardaient toujours leurs sabres nus et attendaient.

Mais voilà qu’en haut de l’escalier, presque aussitôt un vieillard apparut. Une longue barbe, d’une blancheur de neige, lui descendait jusqu’à la ceinture : il était vêtu d’une roble de soie, dont le temps et l’usure semblaient avoir mordu la primitive couleur ; ses pieds nus étaient chaussés de « waradji » dont la paille trouée disait la longueur de la route qu’il avait eue à parcourir ; d’une main il s’appuyait sur un long bambou recourbé à son extrémité, et il tenait de l’autre une fleur de chrysantème désséchée.

L’empereur poussa un cri de colère et de rage ; mais, avant qu’il eût fait un signe, le vieillard, étendant la main, dit :
« Ils m’ont laissé passer quand je leur ai dit que je venais sauver ton fils !

–   Toi !
–   Moi-même ! »
Et le vieillard s’avança vers le lit sans que les gardes, les yeux fixés maintenant sur l’empereur, eussent croisé leurs sabres devant lui.

« Par le Soleil levant, fit-il, si tu mens, je ferai tuer à coups de flèche ceux qui t’auront laissé passer, et je demanderai à mes bourreaux d’inventer pour toi les plus épouvantables tortures ! »
Le vieillard sourit :

–   Quand on a mon âge, reprit-il, le fil qui retient l’âme au corps est bien mince et bien usé, et le fer de tes bourreaux ne torturerait guère qu’un cadavre ? »
Et comme les gardes, sur un signe de l’empereur, s’écartaient, le vieux s’approcha du lit :
« J’arrive à temps, ajouta-t-il en regardant l’enfant, qui, étendu maintenant, ne faisait plus un mouvement et semblait fixer devant lui des ombres mystérieuses. « Si tes soldats ne m’avaient pas laissé venir jusqu’à toi, à ce moment même ton fils serait mort ! »
L’empereur tressaillit ; la parole brève de ce vieillard le frappait.
«  Et ton remède ? Demanda-t-il.
–   Cette fleur de chrysanteme, que je n’ai qu’à poser sur le cœur de ton fils pour que son sang purifié se remette à couler dans ses veines et lui souffle la vie.
–   Donne-la donc ! »
Mais le vieillard se recula :
« Il faut d’abord, répondit-il en souriant,

que je sache ce que tu me donneras en échange !

III

​L’empereur eut un nouveau geste de colère :

« Misérable, s’écria-t-il, Qui discute le prix d’un service alors qu’il dit le danger imminent ! Ne sais-tu pas que je suis le
maître ?
–   De notre vie peut-être, de notre volonté jamais, fit le vieillard sans s’émouvoir davantage.

–   Celui qui est là couché est, tu le sais, c’est le fils de ton empereur, le fils des dieux qui règnent au fond des nues !
–   Aucun enfant des hommes ne peut se dire fis du Ciel ; et si tu étais Dieu toi-même, tu n’aurais pas besoin de l’aide d’un vieillard.
–   Je vais te tuer d’abord et m’emparer de ton mystérieux remède.
–   La mort, je te l’ai dit, ne me fait point peur : je suis si vieux, j’ai tant vécu, que je n’aspire plus qu’au repos de la tombe ; quant à mon remède, moi seul peux m’en servir.
–   Fixe toi-même alors le nombre de lingots d’or que tu veux emporter, on te les comptera à l’instant.
–   La richesse est chose vaine, et si j’avais voulu de l’or, les livres saints m’auraient appris à en trouver. Au fond de la grotte où j’ai vécu, n’ayant pour me nourrir que quelques graines de gingembre ou de nénuphar et l’eau claire d’un ruisseau, j’ai toujours été plus riche que toi, si remplis d’or que soient tes coffres et ton trésor impérial.
–   Veux-tu des honneurs ?
–   A quoi bon ? Ce sont là des hochets pour la jeunesse : ceux de mon âge ne s’en amusent plus.
–   Ecoute alors, filt l’empereur en lui saisissant la main. Je te ferai bâtir un temple magnifique. Cent colonnes de bronze incrustées d’or en supporteront la colossale toiture ; mille lanternes de fer et de pierre y brûleront jour et nuit. Au milieu j’élèverai ta statue ; les bonzes y viendront chanter tes louanges au son des tambours, et je punirai de mort quiconque ne se prosternera pas devant toi. »

Mais le vieillard secoua de nouveau la tête :

« Les temples sont faits pour abriter seulement les statues des dieux, et nul homme n’a le droit d’obliger une autre créature humaine à se prosterner devant lui !
–   Que veux-tu ? La moitié de mon royaume, mon palais, mes archers, mes cavaliers aux cuirasses d’argent ? »

Mais l’autre, de la tête, refusait toujours ; quand tout à coup l’enfant poussa un long soupir, ses mains se raidirent, sa tête s’inclina et sa bouche s’entr’ouvrit comme pour crier, mais aucun son ne sortit.
–   Il est mort », s’écria l’empereur !

Et jetant son sceptre au pied du vieillard,

–   Prends-le, ajouta-t-il, si c’est le pouvoir suprême que tu veux : aussi bien ne me sert-il à rien, puisque je ne peux pas empêcher la mort de me prendre mon fils ! »

Et se jetant à genoux, ses lèvres se posèrent sur les mains glacées de l’enfant, et des larmes emplirent ses yeux.

Les soldats, étonnés, voyant pleurer leur empereur, s’étaient mis à genoux eux aussi, et le bruit des tam-tams avait subitement cessé.
Un grand silence planait maintenant dans l’immense salle aux tentures brodées de fleurs de lotus et de clochettes d’or, où seul restait debout, au milieu des autres agenouillés, le vieux mendiant à barbe blanche.
Le soleil entrait en plein dans la pièce, accrochant de gais rayons à l’acier des armes et aux dorures des broderies ; et sur les camélias et les bambous du jardin impérial, les oiseaux chantaient.
Alors le vieillard étendit la main ; doucement sur les lèvres de l’enfant, il passa la fleur de chrysantème ; puis il la lui appliqua sur la poitrine, à la place du cœur. Aussitôt le cœur se remit à battre, les lèvres se colorèrent, les membres se détendirent, et le petit prince, redressant la tête, étonné en voyant tout ce monde à genoux, dit :

« Pourquoi pleurez-vous, monseigneur mon père ? N’est-il pas l’heure où d’habitude je descends au jardin avec mon gouverneur ? »
L’empereur poussa un grand cri :
« Miracle, fit-il, mon enfant vit ! »
Et se précipitant vers lui, il le prit dans ses bras et le couvrit de baisers fous.
Puis se tournant vers les soldats qui s’étaient relevés :
« Allez chercher l’impératrice, et courez par la ville dire à tous que je veux qu’on se réjouisse.
« Le prince est sauvé ! Ce soir, on illuminera ; mes trésoriers s’en iront par les rues jeter au peuple des pièces d’or et d’argent ; toutes les cloches sonneront, et, dans tous les temples, les prêtres qui battent les gongs des jours de fêtes, chanteront les louanges des dieux protecteurs.
–   Et toi, ajouta-t-il en s’adressant au vieillard, sois tranquille, je e t’oublierai pas. Dès ce jour tu t’assiéras à ma droite, sur mon trône impérial, et chacun de tes désirs sera un ordre pour tous ! »

Mais le vieillard sourit :
–   Je n’ai besoin de rien, dit-il, et je ne demande qu’une chose : m’en retourner là-bas, d’où je viens, et où je ne tarderai pas à m’endormir dans l’éternel repos. Ce n’est pas moi d’ailleurs qui ai sauvé ton fils, c’est toi : car tu as offert aux dieux éternels les deux seules choses qui pouvaient toucher leur infinie miséricorde :
–   Tu t’es mis à genoux, et tu as pleuré. »

Et comme il s’en allait au milieu des soldats qui, leurs sabres inclinés, le saluaient, du seuil se redressant, le doigt levé, il ajouta :

« N’oublie jamais qu’au-dessus de toi il est un maître suprême ; et que dans l’éternelle balance une larme pèsera plus que les armes de tes guerriers, ta couronne et tous tes trésors ! »

Et l’empereur à son tour s’inclina et dit :

« Merci, mon père ! »

Cf : Bessier, Mémoires d’un moineau, Hachette

Octobre 2022

Un fruit qui n’en est pas un !

Vous croyez que la figue est un fruit ? Faux ! C’est… Une fleur inversée ! Les fleurs du figuier éclosent à l’intérieur du réceptacle nommé « synconium », qui se transformera en une infrutescence d’akènes. Mais comment la fleur peut-elle être pollinisée ? Par un insecte minuscule, la guêpe du figuier, qui meurt à l’intérieur puis est dégradé par une enzyme, la ficine !

Septembre 2022

Voici l’aurore

Comme une aurore pour des cœurs délivrés. La pluie de cette nuit a tout lavé, épuré. La pelouse ressemble à une aire où les engrais verts d’automne ont été semés par les paysans.

En buvant mon thé qui vient d’être infusé dans un de mes mugs préféré j’aperçois, par la fenêtre de la véranda un couple de pigeons émergé de l’ombre qui s’estompe comme si elle traquait la douce lumière des premiers rayons du soleil.

De grosses larmes rondes tombent du feuillage des peupliers à la lisière du parc. Un chant outrecuidant de pie arrive jusqu’à moi. Le parfum nocturne encore, des fleurs d’onagre flétries, ramollies et penchées va se dissoudre à la lumière tiède imminente. La belle heure pour aller, et se réveiller vraiment… Il faut croire que quelque chose d’indicible m’attend… Je sors faire un petit tour dans les allées bordées de verges d’or fanées, enlaidies. Je soulève l’arrosoir qui a dormi dehors et je me dis : »Aimable pluie, tu as bien fait !

Tu as été généreuse ! « .

Photo : Le Jardin Féérique de Cicely Mary Barker, présenté par Pierre Dubois

Le souvenir charmant de ma petite chambre me revient :
La fenêtre en contact direct avec le sol et vue sur le jardin était le grand charme de ma petite chambre bleue. Qui a dit qu’une chambre bleue est inhabitable ?
Le matin, j’étais éveillée par des chants d’oiseaux. Les rayons du soleil m’arrivaient filtrés par le vasistas minuscule. Ces chants étaient dignes de mon attention. J’aurais tant aimé les enregistrer sur un magnétophone que je ne pouvais posséder. Je ne fermais jamais complètement la fenêtre ! Faute de rater le concert du matin. Belle était l’aurore. Il n’était pas rare qu’un petit lézard gris me rende visite et s’immobilise sur le linoléum déjà tiède.

Août 2022

Gentils Coquelicots !

Gentil coquelicot ! Le joli coquelicot de jardin. Une tasse de tisane de pétales séchés apaise l’anxiété et les affections de la gorge.

Août 2022

Devinette :

Quelle est la petite bête, qui embête les grosses bêtes, qui laissent la petite bête s’installer dans leurs têtes. Au lieu de la zigouiller dans une pinte de gaieté !

Réponse cachée sur le blog

22 juillet 2022

Oignons

Pourquoi pleure-t-on quand on découpe l’oignon ?

Jadis, un fellah (un paysan) avait investi toute sa fortune dans l’oignon, il acheta la semence, laboura, retourna, aéra, son champ et planta les semences. Il attendit la pluie. Il attendit longtemps mais en vain : point de pluie !
Excédé, désespéré, le fellah s’assit au milieu de son champ et se mit à pleurer à chaudes larmes. Il pleura tellement que le champ fut submergé par ses larmes.
Après avoir épuisé toutes ses larmes, le fellah rentra chez lui dépité. Plusieurs jours après, le fellah qui se promenait dans les parages fut surpris qu’il y avait de la verdure dans son champ. Il s’approcha et quelle ne fut pas sa surprise quand il vit le champ couvert de plants d’oignons. En fait, ce sont ses larmes qui avaient irrigué le champ, et pour lui rendre hommage nous continuons de pleurer chaque fois que nous découpons de l’oignon.

Conte recueilli à Oujda auprès de Yamina Benzid

​L’oignon tient son nom du latin « unio » signifiant « un » en référence à son bulbe unique indivisible.

 

 

 

J’ai traversé la Puisaye et me suis arrêtée devant cette culture de l’oignon plein champ.

Quand je pense qu’avant l’arrivée de la pomme de terre, l’oignon était la base de l’alimentation des paysans…

Je les adore, blancs, jaunes ou rouges en cuisine.

Même s’ils me font pleurer! De joie ? De tristesse ?

17 avril 2022

LA FOIRE DÉBORDE, une première réussie

« Elle a illuminé d’un brin de folie le week-end pascal 2022 ensoleillé » jsl du 18 avr 22

« Des stands loufoques, multiples curiosités en journée, musiques, restaurations diverses, en final un bal-concert pop-rock »

Sur la borde de l’EMBARQ, je suis intervenue comme conteuse dans le cadre de l’atelier lecture qui a lieu une fois par mois parmi tous les autres ateliers et animations diverses qu’offre cette association à ses adhérents. Pendant deux jours dès 16h jusqu’à la fermeture, j’ai pu raconter des histoires aux visiteurs, dire un poème ou chanter. Il suffisait que la personne tire au sort un mot, une citation, une phrase mentionnés sur les marque-pages qui décoraient «l’arbre à contes».

La très importante fréquentation du lieu a marqué mon esprit, avec des gens très aimables et très intéressés. Ambiance joyeuse !

La foire DEBORDE battait son plein, elle a renoué avec son succès d’antan. Oui, le sens de la fête était bien là !

​L’arbre à contes sur le stand de l’atelier lecture de l’EMBARQ

Depuis Pâques, cet arbre est devenu « l’arbre à surprises ». Il trône sous la galerie de l’entrée de ma maison. Si le visiteur est surpris, curieux, désireux d’écouter une histoire, un poème ou une chanson, il peut tenter sa chance… Encore faut-il que la conteuse ne soit pas partie en vadrouille…

Une petite histoire de Nassredin

« On ne voit pas ce qui crève les yeux »

C’était au temps où Nassredin était contrebandier. Il passait tous les matins la frontière avec un âne chargé de ballots. Tout le monde savait qu’il faisait de la contrebande. Il ne s’en cachait pas. Tous les matins, les douaniers fouillaient les sacs, examinaient la bête, à rebrousse-poil de la queue au museau. RIEN !

Ils ne trouvaient jamais rien. Cela dura 20 ans ainsi. Et puis un jour, le chef douanier à la retraite, retrouve Nassredin à la maison du thé !

« Je suis maintenant à la retraite, tu peux me parler sans danger. Que diable passais-tu à la frontière?

Nassredin répond : « des ânes, je passais des ânes » !

Nous sommes chanteurs de sornettes

Nous sommes chanteurs de sornettes
Faits pour divertir les passants
Et les fainéants à tout venant
Nous chantons nos chansonnettes
Laquais, cochers et ouvriers
Tous viennent nous écouter
Nous savons les plus belles danses
Tant que vous ne serez compter
Quand vous y viendrez
Vous sauterez
Et vous tomberez mourantes
Souffle coupé
Genoux sciés
Nous serons encore à jouer

Malicorne – Nous sommes chanteurs de sornettes – Gavotte (officiel)

FOIRE DES BORDES A TOURNUS 71

Une louée (nom féminin) : engagement d’un serviteur pour un temps déterminé (synonyme : affermage)

Focus sur les domestiques : il y a deux catégories de domestiques :

  • attachés à la personne : il s’agit de domestiques engagés sans durée déterminée
  • ruraux : il s’agit de domestiques engagés pour une durée déterminée. Le plus fréquemment, l’engagement dure un an.

Comment se déroulait la foire ?

Tous les ans, une grande foire dominait toutes les autres ; c’était la foire des Bordes, qui se tenait au début du Carême et au cours de laquelle se louaient les domestiques. Elle avait lieu sur l’Esplanade. La louée des domestiques s’accompagnait d’une coutume curieuse : tout jeune berger engagé devait offrir une carpe à son nouveau maître. La carpe était un symbole de discrétion : elle n’a pas de langue donc ne peut pas parler. En compensation, le nouveau maître donnait des étrennes à son domestique. Celui-ci dépensait généralement cet argent lors des divertissements de la Foire (bals, fête foraine… » dans l’optique de séduire sa promise.

Fleur au mitan, fleur au côté

Les jeunes filles à la recherche d’un galant pour danser pendant les bals et les fêtes de l’année accrochaient une fleur sur leur corsage. La position de ce corsage déterminait si elles avaient trouvé chaussure à leurs pieds : si la fleur se situait sur le coté du corsage, cela signifiait que les filles avaient déjà trouvé un galant ; si la fleur se situait au milieu du corsage, qu’elles étaient toujours à la recherche d’un galant.

De cette coutume est née l’expression suivante : Fleur au mitan, cherche galant/fleur au côté, galant trouvé ».

En 1533, on attribue à Robert 11 de Lenoncour la suppression de la fête des Brandons à Tournus à cause de la « follâtrerie » des jeunes gens durant cette fête.

Du speed-dating au job-dating

La fête des Brandons est également l’occasion de faire des rencontres. La veille, les garçons du village s’attelaientà une charrette et s’arrêtaient dans chaque maison où se trouvait une jeune fille pour demander un fagot ou des branchages. Lorsqu’ils en avaint recueilli assez, ils les transportaient hors du village et mettaient le feu. Les jeunes gens, garçons et filles, se retrouvaient ensuuite pour danser, faire des rondes autour des feux.

Une fois les flammes éteintes, ces jeunes gens sautaient par-dessus les braises. On disait que celui ou celle qui réussissait à sauter le feu sans roussir ses vêtements se marierait dans l’année. Puis, ils se rendaient dans une vigne voisine avec un brin de paille enflammé, enroulé autour d’un bâton, appelé « brandon » afin de protéger cette vigne de tous les maux. Ce feu protecteur, source de chaleur et de fertilité devait ainsi rendre la terre féconde et la vigne vigoureuse.

La fête des brandons

A l’origine, la tradition des « Brandons » avait lieu le premier dimanche de Carême. La foule parcourait la campagne en dansant et en portant les brandons «(de l’allemand brand, embrasement), des dortes de torches faites avec de la paille tortillée. Cette procession aux flambeaux avait pour effet, disait-on de chasser le mauvais air des terres. Il s’agissait des restes des anciennes fêtes de purification romaines (Lupercales).

Chez les celtes et les romains

Cette fête se retrouve chez les Celtes sous le nom de « Imbolc). On célébrait alors la déesse celle Brigit en l’invitant à entrer dans la maison afin de la purifier et de la protéger jusqu’à la prochaine fête d’Imbolc. Il s’agissait donc de fêter un renouveau après les jours les plus sombres de l’année.

Chez les Romains, cette fêtes se rapproche des « Lupercales ». La fête des Lupercales est une fête de purification qui avait lieu à Rome du 13 au 15 février, c’est-à-dire à la fin de l’année romaine, qui commençait le 1er mars. Les Luperques, prêtres de Faunus, sacrifiaient un bouc à leur Dieu dans la grotte de Lupercal (au pied du mont Palatin) où, selon la légende, la louve avait allaité Romulus et Rémus.

En 496, le Pape Gélase 1er interdit les fêtes « Lupercales » et les remplace par la Chandeleur, mais elles perdurent sous d’autres formes jusqu’à notre époque contemporaine.

Ses ancêtres dans l’antiquité

A l’antiquité était célébrée « la fête du printemps » qui marquait le renouveau et la renaissance. Cette fête purificatoire de la fin de l’hiver pourrait avoir comme fondement un culte lié à la fécondité. L’objectif était de purifier la terre avant de procéder aux semailles. La célébration de cette fête assurait la fructification et la perpétuité des espèces, qu’elles soient humaines, animales ou végétales. L’une des traditions consistait à sauter par-dessus les flammes. Dans la croyance populaire de l’époque, les flammes servaient à se purifier.

 

Journal de Tournus, 1897

5 mars 2022

Halte devant un champ de  » mottes de terre « 

Le rat taupier ou campagnol terrestre pullule aussi en Bresse, la preuve en image.

Il est en passe de devenir  » l’ennemi campagnard numéro un  » car il se reproduit très vite et fait des ravages dans les champs et les potagers. Sommes-nous devant un pic de population ? Le rat taupier est un herbivore, il mange son poids en racines quotidiennement, de préférence charnues (type pissenlits, légumineuses, bulbes et rhizomes). Il ne boit pas : le voilà donc préparé pour le réchauffement climatique. Ici, les campagnols mangent des racines de colza, en creusant de multiples galeries. Ils ont ravagé le champ entièrement jusqu’à restructuration possible du sous-sol…

Les haies bocagères sont sans aucun doute la meilleure arme pour faire revenir les prédateurs naturels des campagnols : les hermines, les belettes…

Et si on laissait la vie aux renards !

8 août 2021

Rêve d’un terrien

Près d’un siècle avait passé, l’île, peu à peu s’était peuplée. Venant du continent, pêcheurs et paysans l’avaient transformée en une petite communauté vivante et prospère. Les courses folles des enfants avaient remplacé celles des cabris sauvages, des clôtures avaient remplacé des kilomètres de haies, des engins motorisés étaient garés dans les cours des maisons ou bien circulaient sur les petites routes sinueuses. Le paysage au long des ans s’était civilisé.

Parfois encore, au clair de lune, quelques sirènes venaient danser autour des rochers de la grève. Elles guettaient les pêcheurs attardés et tâchaient, par leurs chants incantatoires, de les attirer sur les écueils où leurs barques se fracassaient les soirs d’équinoxe. A chacun se rattachait une sombre histoire. Toutes les familles du port avaient perdu au moins l’un des leurs par une nuit sauvage où grondait le vent du large.

Marins et terriens formaient deux blocs dans l’île. Jamais un gars du bord de mer ne se serait penché sur une motte de terre. De leur côté les jeunes paysans affectaient de mépriser la « Mare aux harengs ».

Pourtant, Alan jeune terrien dans la fleur de l’âge se sentait à l’étroit sur le sol. Quelques miles le ramenaient toujours à l’immensité de l’eau. Son rêve secret était de s’aventurer comme les natifs du port, sur la « Grande bleue » sans cesse mouvante et capricieuse.

Pour rien au monde il n’eut avoué à ses parents cette aspiration profonde de son âme vers le large. Sa naissance le retenait à la ferme aux murs blancs, couverte de chaume où poussaient les herbes. Une nostalgique rancoeur le suivait nuit et jour qui le poussait au soir tombant vers les criques où l’eau sombre reflétait les étoiles. L’une après l’autre, elles s’allumaient au firmament.

Un soir qu’une pleine lune éclairait le rivage autant qu’une aurore naissante, Alan n’y tint plus, et, sautant dans un canot amarré à un pieu, il se mit à ramer vers le large, puis vira sur la gauche, il voulait simplement contourner l’île.

Pendant une demi-heure il souqua ferme, ivre de l’air du large aspiré à pleins poumons. Il avait oublié la terre proche. Mais bientôt vint la fatigue. L’engourdissement de ses bras peu habitués à ce dur labeur incessant et monotone commençait à le faire souffrir. Ses mouvements se ralentirent et la barque glissa plus mollement sur l’eau.

Avec la marée montante était venue une fine bruine qui obscurcissait par instants la clarté de la lune. Le flux couvrait progressivement les rochers à fleur d’eau, rendant plus difficile la navigation du jeune homme inexpérimenté. Il n’osa se rapprocher de la grève pour ne pas s’ensabler, ni trop s’écarter, de peur de heurter les roches avec la coque de son canot.

C’est alors que vinrent danser devant sa barque quatre ravissantes sirènes aux longs cheveux flottant autour d’elles sur l’eau. Alan crut un moment que la fatigue troublait son esprit. Mais, les voyant passer et repasser sans fin près de lui, s’éloigner en l’appelant de leurs voix mélodieuses, il se rendit compte qu’il ne s’agissait pas d’une vision de rêve. Il n’eut plus qu’une idée : rejoindre les sirènes. Ce désir lui fit quelques temps oublier sa lassitude. Il rama avec force renouvelée vers les quatre silhouettes qui, telles des feux follets, s’échappaient à mesure qu’il avançait. Leurs chants le grisaient telle une ensorcelante musique. Il semblait transporté dans un autre monde ; rien autour de lui n’existait plus, que les êtres quasi irréels qui nageaient devant lui. Il était charmé par leurs douces voix.

La course folle dura près d’un quart d’heure. Contournant l’île, Alan était maintenant près des falaises creusées de grottes. Toujours, les sirènes fuyaient lorsqu’il allait les atteindre. Elles jouaient à se rapprocher puis à s’échapper. Le rivage élevé cachait presque, maintenant, la lumière lunaire. Il se guidait surtout à la blanche clarté fuyante des voix des sirènes, à leurs chants de plus en plus divins, à leur jeu qui lui semblait d’une grande originalité .

Soudain, une violente secousse ébranla la frêle embarcation. Avant de s’être rendu compte de ce qui lui était arrivé, Alan se sentit roulé et malmené par les flots écumants. Il crut sa dernière heure venue, puis il lui sembla que des mains douces le soutenaient et le tiraient jusqu’au sable sec. Un souffle léger caressa son front. Entrouvant ses paupières brûlantes il vit un doux visage penché sur le sien.

  • « Fils des hommes, comme tu es beau !»
  • A ces mots, Alan sursauta, reconnaissant une sirène. Se souvenant de toutes les histoires contées par sa vieille aïeule, au soir à la veillée, il se sentit en danger et voulut fuir.
  • « Ne crains rien ! Comment pourrais-je te faire du mal ? Vois comme je suis menue et faible ! »

Plus que ses paroles prononcées, sa musique endormit la méfiance du jeune homme.

  • « Viens ! » dit-elle « Tu seras à l’abri dans les grottes et tu pourras reprendre tes forces. Lorsque l’aube rosira le ciel, tu rentreras chez toi !Zsee, Zsee… ».

Subjugué, il suivit la sirène, maintenant inconscient du péril qui le guettait. A marée montante, nul dans l’île ne s’aventurait dans les grottes qu’emplissait progressivement la mer sans en laisser un espace libre.

Allongé sur le sable sec, Alan s’abandonnait corps et âme à l’emprise de la belle et jeune créature.Elle essuyait et lavait doucement les blessures qu’il s’était faites en roulant sur les récifs après la perte du canot en l’enrobant d’une douce complainte.

Bientôt il se sentit caressé par les premières vagues. Une douce parole endormait ses sens chaque fois qu’il semblait s’inquiéter. Mais peu à peu l’eau recouvrait ses jambes. Encore dans son état euphorique, il s’assit, le dos appuyé à la paroi de pierre. Lentement mais inexorablement l’eau montait, atteignant bientôt son ventre, sa taille, sa poitrine… L’air qu’il respirait devenait glacial.

Pleinement conscient du danger, il chercha à fuir, mais toutes retraites maintenant étaient coupées ? Il avait maintenant comme des acouphènes tsee ! Tsee… Sans relâche, ce terrible son dans les oreilles obscurcissait davantage son esprit. Chaque ressac l’amenait plus avant vers la mort.

  • « Puisse périr ainsi que toi la race maudite des hommes ! » siffla la sirène, s’échappant à la nage avec un rire méphistophélique, Alan eut le temps d’apercevoir son escarboucle brillant de mille éclats d’argent sur le front et il la reconnut, celle qui se baignait le plus près de lui tout à l’heure. Une vouivre !

Quelques jours plus tard, après d’épuisantes recherches sur l’île parsemée d’arbustes torturés par le vent du grand large et de murs en ruines qui finissent de crouler, la mer s’était retirée à perte d’horizon. On pouvait à pieds secs atteindre ce repaire de mouettes et de cormorans. Un chemin était tracé, signe d’un monde vivant.Un jour, quelqu’un eut l’idée de rentrer dans la grotte au bout du chemin. Un cadavre à demi décomposé gisait là, qu’avaient commencé à dévorer de gros crabes.

Courage à tout randonneur si l’envie lui prend d’aller faire un tour à pied sur le chemin de « La grotte aux crabes » et surtout si un élan de curiosité le pousse jusqu’au fond de la cavité.

Sans se méfier, au restaurant le plus proche, il se peut qu’il prenne le risque que le propriétaire lui raconte l’histoire locale de la vouivre…

Alors, bonne dégustation, si vous êtes ce randonneur et si vous avez l’habitude de commander au restaurant des crustacés pour votre repas !

Francine Beudet, Août 2021

 

 

Illustration par Simon Dolléans, lien vers la source disponible sur l’illustration

27 juillet 2021

Faute d’escargot, des champignons après l’orage.

​Ordinaire ! Le fait d’ouvrir une boîte de conserve de champignons de Paris en vue de cuisiner un gratin  !

On se met à rêver puis on pense même qu’à ça, à l’odeur de l’humus et au panier rempli de cèpes bien charnus.

A l’automne, une balle de chasseurs pourrait-elle interrompre le regard cruel de ce dragon amputé de ses ailes ? Sa tête féroce donne un aspect tangible à la permanence d’une colère et d’une cruauté sans remords. Prêt à mordre, il donne l’impression que les monstres vont s’entretuer sans vergogne au fin fond de la forêt. Au bord du sentier, il guette le ramasseur de champignons insouciant mais « l’homme serait génétiquement équipé pour transformer sa salive en venin ».

Tous, ils ne sortiront pas du bois pour rien ! À moins que leur puissance soit mise à mal par l’esprit de la forêt.

Comment aider à faire sortir la peur de son corps et à la regarder en face ? Par les divinités d’un paganisme populaire très répandues dans le monde…

27 septembre 2020

Vers l’Ailleurs.

Vous restiez dans le village pour le week-end.

Ancien meunier, vous retrouviez votre jeunesse en visitant des antennes de L’Ecomusee de Pierre de Bresse. Vous vous demandiez comment vous alliez occuper ce dimanche après-midi automnal au moment où la brume qui cachait le sol était en train de se dissiper.

Il allait pleuvoir, le ciel se chargeait de gros nuages gris.

Vous vous interrogiez encore de savoir ce que cette journée allait vous réserver.

Vous vous êtes dit, pourquoi ne pas aller à la rencontre des deux fées annoncées au moulin du village, ce dernier ayant été transformé en Maison de l’eau ?

Un brouillard d’impressions, de forte envie de voir ces fées, a envahi votre cerveau et vous vous êtes rendu compte soudain, de la solitude dans laquelle vous viviez. Vous ne saviez rien d’elles. Le moment était arrivé d’aller à la rencontre de cette sorcière et de cette fée !

Le bâtiment en pierre s’imposait au milieu de ses dépendances. Un moulin à ban.

C’était éprouver, avouez-le, une certaine nostalgie de remettre les pieds et le nez dans un moulin.

C’était devoir s’asseoir en respectant une distance imposée entre deux personnes, tiens !
C’était ne plus pouvoir sentir, un masque sur les narines, cette odeur de bois vieilli et imprégné d’histoire. Mince !

C’était fermer les yeux d’une façon légère sans décroiser les jambes après s’être inspiré d’un décor de forêt vierge et de songer aux fées… S’imbiber d’une perspective sur le point de rattrapper l’infini.

C’était entendre le clapotis de l’eau de la rivière, cerner sa force qui entraînait la roue, puis ouir le chant des fées émanant de très très loin, d’un pays de brume et de mystère.

C’était écouter les voix de ces deux fées, leurs chants, leur musique, leur poésie… les imaginer tournoyer très belles cheveux au vent.

C’était se laisser porter, rêver…

 

C’était et cela a été : un merveilleux moment d’évasion près de l’ancien local de « stock à farine » devenu un temps témoin de coulisses d’espérance et de douceur.

 

Paroles pour un monde plus tranquille.

21 septembre 2020 – Vies secrètes des arbres et du monde

L’été actuel se termine aujourd’hui dans notre hémisphère nord avec la Journée Mondiale Alzheimer.

Dès demain, les jours continueront de diminuer jusqu’au solstice d’hiver, le 21 décembre.

 

Les feuilles des arbres se décolorent. Les branches se dénudent.

« La chute et la repousse annuelle des feuilles des arbres est un petit miracle, car le processus implique que les arbres aient la notion du temps ». Peter Wohlleben « La vie secrète des arbres ».

L’auteur montre que les arbres sont capables de communiquer entre eux par les odeurs et par les signaux électriques ainsi que par leurs racines.

Il indique qu’ils s’entraident et auraient une forme de mémoire.

 

Avant la perte de certaines capacités comme ne plus pouvoir assumer des choses du quotidien (s’habiller, cuisiner, lire,écrire…), des protagonistes atteints par la démence l’appellent « la maladie invisible ».

Adapter nos comportements envers les personnes qui ont peur de l’avenir à l’idée de devenir un jour dépendantes, mettrait fin à nos préjugés et permettait une société plus inclusive de la maladie d’Alzheimer qui serait mieux appréhendée.

11 septembre 2020

Chez Eléonore « il y a toujours un temps pour tout ».

Eléonore est une vieille dame d’origine étrangère, veuve, et qui n’a pas de famille en France. Par contre le nombre de ses amis est indéfinissable tant il est important. Elle s’est très bien intégrée. Elle a des difficultés pour se mobiliser. Ses déplacements sont ralentis. Elle passe la plupart du temps dans un fauteuil qui a épousé ses formes depuis des lustres. Elle lit beaucoup au beau milieu de son salon-bibliothèque, elle a une préférence pour les romans.

Le temps a une empreinte sur elle, surtout sur sa vivacité. Elle n’en a pas peur. Elle en oublie ses maux, ses soins. « Le temps me prendra » dit-elle. Qu’elle soit occupée à lire, à cuisiner, elle cesse de suite son occupation afin d’accueillir au mieux la personne qui lui rend visite. Avec un sourire avenant. Continuer sa lecture ou remettre la main à la pâte sera toujours possible, plus tard.

Pas question de refouler la visite d’un(e) voisin(e), d’un(e) ami(e)… « Il y a un temps pour tout » surtout pour l’honorer.

Aujourd’hui, la récolte de figues juteuses à souhait dans le jardin d’Eléonore est envisageable mais les mouches, les guêpes, les frelons ne dissimulent pas leur appétit. Les guêpes, une fois après avoir troué la peau du fruit, dévorent la chair tendre, s’engouffrent à l’intérieur jusqu’à ne laisser qu’une boule imitant fort bien un fruit plein. Il faut se méfier de la présence possible de l’insecte gourmand qui se régale, avant la cueillette.

Les figues mûres à point ne supporteront pas les trépidations de mon scooter sans être abîmées avant le retour à mon domicile.

La gourmandise me fera revenir à pied avec un gros panier le lendemain !

Il y a un temps pour tout, il y a une solution pour tout. Et assurément, demain, je prendrai le temps de boire un petit café chez Eléonore, de lui raconter une histoire vécue. Eléonore, elle adore. Elle adore les anecdotes, les histoires vécues et les figues ! Elle aussi.

3 août 2020

Mes visites de courtoisie chez les anciens du village ont repris doucement. Vous avez dit : « panne », « décrochage « , « confinement », « déconfinement » ?

Chez Pauline, le portail est toujours ouvert, du matin au soir. Sa façon à elle, de dire « Entrez, je vous en prie ». Pauline ferme à clef chaque soir la grande barrière métallique afin de se sentir « tranquille chez elle ». Une barrière qui lui semble de plus en plus lourde à ouvrir et fermer au fil des années. Rituellement, le matin elle « ouvre sa cour », invitation à la visite.

Je ralentis toujours avant d’emprunter l’ornière qui s’est formée au fil du temps sur le tapis de gravier. Je contourne le puits par la gauche avant de me garer devant la porte d’entrée de l’ancienne ferme. Mon deux-roues stationne à l’endroit parfait, sur le pavé en ciment de la galerie (l’hetai) qui longe la maison.

Je frappe trois petits coups à la porte comme d’habitude, elle s’ouvre de suite. Pauline a reconnu le bruit du scooter. Une odeur de café règne dans la pièce à vivre. Je tire la chaise en bois clair pour m’asseoir sans y être invitée, l’habitude aussi. C’est le début d’une conversation de salon. Le calendrier mural affiche la date et le Saint du jour. Ce soir, la vieille femme notera le passage de la conteuse. Afin de ne pas oublier les noms, les dates, les heures des visites… Pauline est anxieuse, elle a toujours peur d’oublier quelque chose. Elle vient d’apprendre que le pont de Gênes a été reconstruit. Elle ne sait plus trop quand il s’est écroulé. Il y a un an, deux ans ? « Une catastrophe comme celle-la, je devrais m’en rappeler ! » Dit-elle, désolée.

Une petite histoire me traverse l’esprit, je fais diversion.

« Aujourd’hui, plus de sept siècles après sa construction, le pont de près de 1000 mètres qui relie Gard et Vaucluse est toujours debout à Pont-Saint-Esprit en Occitanie. D’après une légende qui est née durant la construction : le Saint Esprit aurait pris l’apparence d’un treizième ouvrier venu aider les douze compagnons présents sur le chantier, si bien qu’il fut décidé de donner son nom au pont, puis à la ville : Pont-Saint-Esprit. Une technique très particulière de construction du pont a livré son secret de solidité. Le pont d’Avignon qui ne détenait pas ce secret a fini par céder (des claveaux du pont liés incorrectement ) ! »

Le café est servi. La vieille dame se met à chanter : Sur le pont d’Avignon, l’on y danse, l’on y danse…. Elle a donné l’élan. Nous chantons ensemble.

Je ne me souviens plus des couplets. J’invente des métiers… Pauline s’en rappelle et se revoit enfant dans la cour de l’école ! Comme quoi, la mémoire n’est pas seulement une question d’âge.

Si j’ai songé au Pont-Saint-Esprit, c’est que Frédéric Mistral écrivain, a nommé le pont de cette charmante manière : Porte d’or de la terre d’amour.

 

Sources des photos : https://www.tripadvisor.fr - https://www.objectifgard.com