Enfant et adolescente, je vis chez ma grand-mère paternelle à la campagne dans un ancien atelier de torréfaction de la ferme familiale dans le Val de Loire. « Mémère » me raconte des histoires vécues qui se sont déroulées pendant les conflits franco-allemands, encore et encore ; petite fille, j’ai l’impression de détenir une multitude de secrets. Devise de ma grand-mère : « Pour rire de la vie, on doit s’amuser » elle me donne le goût de se travestir et incarner des personnages plus farfelus les uns que les autres. Une modiste m’enseignera plus tard quelques secrets de confection de costumes et de chapeaux.
L’adoration de se déguiser, d’enfiler des costumes, de porter des chapeaux est née.
Infirmière de jour, de nuit, dans ma région d’origine, je prends conscience que la qualité de la relation avec la personne prise en soins ou hébergée en maison de retraite, peut passer par les arts : chant, musique, théâtre, récits de vie et légendes… dans le cadre des animations.
Cadre de santé en EHPAD, je crée avec l’aide d’amis, une compagnie de théâtre amateur dans un village jurassien : « Les 400 coups ». Conquiers un don de costumière. C’est en apprenant les textes de mes rôles pour jouer dans des comédies, psycho-drames… lors de randonnées en solitaire dans La Petite Montagne que je découvre l’évasion et la contemplation. La nature m’appelle dans le Revermont dont je chéris le premier plateau et les vallons avec sa faune et sa flore.
Promenades et randonnées me fournissent la passion des vertus des plantes, l’amour des fleurs aidant.
Au temps de la retraite, je vis une extraordinaire aventure de théâtre et de conte grâce à la conteuse Patricia Gaillard qui nous a écrit en 2014 une fable philosophique « Flodoberte et Mélisende », une pièce que nous jouons en duo dans des théâtres, centres culturels, maisons de retraite, bibliothèques, greniers, jardins… une mythologie des talus qui plaît visiblement au public. Je participe à la mise en scène, à la confection du décor naturel de verdure. Je crée mes coiffes de saison, confectionne mes chapeaux toutes fleurs pour jouer le jour J, des chapeaux éphémères qui me couvrent de la beauté de la nature : de sa lumière, de ses couleurs, de ses senteurs… Un ravissement renouvelé.
Un piano m’arrive du ciel en cadeau, je prends des cours de musique et je me mets à jouer quelques notes puis plusieurs… Y compris des fausses notes ! Comme celles de la vie. Mélodie en rêves jusque dans les maisons de retraite lorsque je pars avec un clavier sous le bras … Un plaisir réellement partagé !
Le conte n’a pas toujours fait partie de ma vie.
Mon histoire avec le conte est arrivée tard sur le chemin des rencontres, en 2015, avec des amis écrivains-conteurs dont un féericologue. Ils m’ont emmenée vers l’Ailleurs…
Une révélation : mon père avait été un conteur, un conteur qui s’amusait à raconter des histoires du Berry, parfois en patois. J’avais presque oublié.
C’est alors que le double intérêt pour la tradition orale et la lecture me font voyager vers le conte. Les souvenirs et le conte m’invitent sur une nouvelle voie/voix. J’ai adoré la truculence des personnages de Feydeau entre autres mais après avoir côtoyé de près le théâtre et d’en avoir apprécié la grandeur pendant une quinzaine d’années, j’ai été attirée par la force symbolique des contes et la magie qu’ils opèrent sur le public. Je me suis mise à embrasser l’art des histoires dans le but d’éveiller l’attention dès les premiers mots. La magie opère alors sur moi-même.
Entre conte, théâtre, poésie, chant et musique, mon expérience de la scène nourrit et colore mon travail de conteuse.
Le conte, un rendez-vous avec ce que je deviens, surtout avec ce que je m’autorise à être, sans m’éloigner vraiment du théâtre où j’incarne une fée de la nature, un esprit de la nature : Mélisende.