14 Mai 2023

Le Patois de Ménetreuil (Maryse Giovacchini)

À l’occasion de la réédition de 2023 du mémoire de maîtrise présenté par Maryse GIOVACCHINI dans les années 80 et à l’initiative de Gérard TAVERNET (Université de Dijon), voici un extrait sur le joli moi de mai : page 27 du livre « Le Patois de Ménetreuil 71 »

Début mai, dans la nuit du 30 avril au 1er mai, les jeunes gens ne manquaient pas de poser tout en haut de la cheminée, d’accrocher à la porte des jeunes filles des fleurs et des branches

  • du muguet pour la fille qu’on aimait.
  • du lilas pour la fille qu’on n’épousera pas.
  • du cerisier pour la plus jolie fille du pays.
  • du sureau ou de la « verne » (aulne) : pwita vairna vó pó na ma:rda
  • du sapin : di sépê, là fœy vó pó o tsê.
  • du prunellier : di plö:si, é fè tsési.

Quand la jeune fille, un peu légère, avait quitté un jeune homme, elle trouvait un mannequin (ô pœtró) ou un épi de mais égrené (ô kànàyó) et une pomme de terre à chaque bout, tout ceci représentant l’organe sexuel.

 

En juin, pour la Fête-Dieu, il y avait le Chemin des Roses (lœ tsmê d rö:z) ; les petites filles, vêtues de blanc, couronnées de fleurs, une corbeille enrubannée à la main, semaient des pétales de roses, de pivoines, d’œillets tout le long du chemin, jusqu’à l’église.

Pierre PONSOT, de l’Université Lyon II, décédé en 2017, dans sa préface, il a souligné :

Dans quelques années, il ne sera plus possible d’en entreprendre un [travail] semblable, puisque, on le sait, le patois se meurt, même en résistant par ci par là, dans des communes isolées comme Ménetreuil. Je suis de ceux qui le regrettent et le disent bien haut. Non seulement parce que ce fut, à peu près, ma langue natale, mais en raison de sa position de clé de voûte d’un édifice qui tombe avec lui, tout un genre de vie, une « civilisation agraire » originale, qui a peut-être fait son temps, mais qui laisse bien des nostalgies légitimes. Je suis persuadé que différentes sortes de lecteurs trouveront leur pâture dans ces pages à la fois savantes et frémissantes de sympathie. Une bonne partie de la vie discrète, retenue, du bocage bressan y coule (…). Mais pour ceux qui comme moi sont nés sur cette glaise, issus de vieilles lignées qui ont peiné dans cette boue et ce brouillard, c’est tout un passé qui remonte bien au-delà de mon expérience personnelle. Mystère de la transmission du savoir et des sentiments entre générations, par la magie du langage: « au commencement était le Verbe » nous dit le plus vieux livre du monde.

 

Comment ne pas être confondu par la richesse et la précision, parfois subtile, du patois?