La fée Mélisende

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Poème de Maryse G, en cadeau à Mélisende
Je ne suis pas Mélusine,
La fée qui, mi-serpent devient
Le Samedi, jour de Saturne ;
Je ne suis pas la fée Morgane,
Élève de l’enchanteur Merlin;
Je ne suis pas la fée Clochette,
Cette charmante fée muette
Qui a le pouvoir de voler,
De produire de la poussière
De lutin , encore bien moins
La vilaine fée Carabosse,
Avec son nez crochu, sa bosse,
Son fameux menton en galoche
Qui touche presque notre terre ;
Non, je m’appelle Mélisende,
Née en mille cinq cent trente-sept,
J’ai quatre cent soixante dix-huit ans
(Le compte n’est plus bon, je sais…..)
Je porte toujours un chapeau
Décoré selon les saisons,
Les Quatre Saisons de Vivaldi,
Compositeur que j’apprécie ;
Oui, je l’orne, je l’agrémente
De fleurs cueillies dans les jardins,
De mes ami(e)s, de mes voisin(e)s,
D’épis de blé mûr des moissons,
De feuilles tombées sur le gazon,
Sur les chemins, sur les sentiers
Que j’emprunte pour mes balades,
Mes merveilleuses promenades
Dans la fraîcheur vivifiante
Des séduisants petits matins,
Dans la douceur enveloppante
De ces soirs aux mains caressantes.
Oui, je l’orne, je l’agrémente
De baies trouvées dans les buissons,
De glands et de bogues de noix
Qui foisonnent dans les sous-bois.
Je ne me sépare jamais
De ma si fidèle baguette
D’orme, de charme, de noisetier ;
Si je l’oublie dans un tiroir,
Disparaissent tous mes pouvoirs.
Je suis une amie des oiseaux,
Je siffle, alors, ils me répondent ;
J’écoute le chant de la source
Qui m’abreuve et me ressource.
Dans l’étoile qui brille là-haut,
Je dessine une fleur bien ronde,
Je métamorphose un roseau
En une flûte ou un pipeau;
Et puis, et puis, je me balance
Sur une jolie balancelle,
Et soudain, comme c’est magique,
Je deviens chant et musique;
Ma baguette se change en guitare
A une seule, unique corde,
Puis, sous mes doigts, plusieurs cordes;
Je chante, et voilà la musique
Qui, quand elle envoûte, ensorcelle
Se change en ritournelle.
Voyez, je danse et tourbillonne,
Comme en transe, je virevolte,
Lorsqu’un souffle divin m’emporte.
Moi, Mélisende, LA, DO, RÉ
Si vous saviez le grand plaisir
Que j’éprouve à apporter
Un doux air de légèreté,
Un doux parfum de liberté
Dans ces EHPAD où Alzheimer
A éteint le feu des regards,
A éteint rires et sourires.
Je suis la fée Mélisende
Qui vous distrait, qui vous enchante,
Je suis plutôt rondelette,
Joyeuse, toute guillerette.
J’ai quatre cent soixante dix-huit ans,
Et pourtant, oui, et cependant,
Si vous regardez mon visage,
On ne me donne pas mon âge.