25 avril 2023

Jeune Hibou petit duc, l’espace d’une journée

Tes parents avaient migré, ils étaient de retour et avaient décidé de se reproduire.
Tu es sorti du nid bien avant de savoir voler. En pleine phase d’émancipation au sol, tes parents t’ont nourri. Sous ton ventre, un mulot avait rendu l’âme. Des mouches voletaient autour de toi, c’est ce qui a attiré mon attention. Ton plumage imitait parfaitement l’écorce d’un arbre. C’était à s’y méprendre. Tu as eu peur en me voyant, tu as claqué du bec ! Des coups secs. J’ai retenu mon souffle.
Pas de blessure. Suis allée chercher un gros carton. Tu t’es à nouveau approprié le petit mammifère sans vie. Aucune détresse. J’ai eu l’impression que tes petits yeux ronds, jaunes et vifs regardaient le monde entier. Sans perdre une miette de ce qui se passait alentour. Je t’ai dit que j’allais te laisser un certain temps dans l’obscurité totale. Je t’ai laissé une journée pleine sous le carton, les pattes dans l’herbe. Pourtant les chats n’avaient osé s’approcher de toi lorsque tu étais seul, immobile en roi du camouflage. Aurait-il fallu leur faire confiance ?
Le soir, à la tombée de la nuit, tu as été libéré de ta petite maison en carton. En véritable oiseau nocturne, tu es parti. Sans doute, rejoindre tes parents. Ils ne cessaient de pousser ces petits cris reconnaissables en début de nuit. Une courte note grave, répétée continuellement toutes les deux secondes et un autre chant plus aigu et étalé. Le mâle et la femelle se répondaient. Une conversation de rapaces au sommet des chênes…

À l’aube, n’y tenant plus, j’ai voulu en avoir le cœur net : tu avais disparu ! Ni plume, ni duvet sur le sol. Sauvé !