Septembre 2022

Voici l’aurore

Comme une aurore pour des cœurs délivrés. La pluie de cette nuit a tout lavé, épuré. La pelouse ressemble à une aire où les engrais verts d’automne ont été semés par les paysans.

En buvant mon thé qui vient d’être infusé dans un de mes mugs préféré j’aperçois, par la fenêtre de la véranda un couple de pigeons émergé de l’ombre qui s’estompe comme si elle traquait la douce lumière des premiers rayons du soleil.

De grosses larmes rondes tombent du feuillage des peupliers à la lisière du parc. Un chant outrecuidant de pie arrive jusqu’à moi. Le parfum nocturne encore, des fleurs d’onagre flétries, ramollies et penchées va se dissoudre à la lumière tiède imminente. La belle heure pour aller, et se réveiller vraiment… Il faut croire que quelque chose d’indicible m’attend… Je sors faire un petit tour dans les allées bordées de verges d’or fanées, enlaidies. Je soulève l’arrosoir qui a dormi dehors et je me dis : »Aimable pluie, tu as bien fait !

Tu as été généreuse ! « .

Photo : Le Jardin Féérique de Cicely Mary Barker, présenté par Pierre Dubois

Le souvenir charmant de ma petite chambre me revient :
La fenêtre en contact direct avec le sol et vue sur le jardin était le grand charme de ma petite chambre bleue. Qui a dit qu’une chambre bleue est inhabitable ?
Le matin, j’étais éveillée par des chants d’oiseaux. Les rayons du soleil m’arrivaient filtrés par le vasistas minuscule. Ces chants étaient dignes de mon attention. J’aurais tant aimé les enregistrer sur un magnétophone que je ne pouvais posséder. Je ne fermais jamais complètement la fenêtre ! Faute de rater le concert du matin. Belle était l’aurore. Il n’était pas rare qu’un petit lézard gris me rende visite et s’immobilise sur le linoléum déjà tiède.